François Lejault

Après des études en école d’art, je m’oriente vers la création vidéo. Je m’engage dans une collaboration de vidéo danse avec Bernard Menaut. En 12 ans nous produisons six films et deux spectacles/installations. Toutes les vidéos sont tournés en extérieur dans une démarche proche de la performance. De 1990 à1994 artiste résident à l’hôpital psychiatrique d’Aix en Provence, e participe à la création du 3bisF, lieu d’art contemporain situé au cœur de l’hôpital. Ce long séjour est ponctué de nombreux travaux allant de l’installation au dessin. Mon carnet de route dans le monde si intense et si profondément humain de la folie, devient un film tourné sur deux années (Le Canapé Rouge) fruit de rencontres hebdomadaires avec ces passagers involontaires. En 2003 je rencontre le chorégraphe Thierry Baë avec qui j’aborde la question de la scénographie vidéo et de l’image cohabitant avec les corps des danseurs dans l’espace scénique. Cette collaboration (six spectacles, deux films «Journal d’Inquiétude») me permet aussi d’approcher le documentaire par le détournement et un travail sur le faux, sur la recherche des éléments qui façonnent un récit et sa crédibilité. Un voyage de deux mois en Chine dans le Nord Yunnan construit chez moi le besoin documentaire qui ne quitte plus mon travail. Dans le film Dongba je continue l’exploration du cinéma direct, sans commentaire, sans interview qui deviendra ma ligne de conduite. Une commande du Collectif des Sans Abri d’Avignon me replonge dans ces bords de la société que j’avais exploré lors de mon séjour à l’hôpital. Je vais aussi en tirer une création (Leda) sur un personnage féminin qui s’exclue du monde. En 2000 grâce à la production de AvignonNumérique, j’aborde pour la première fois les questions de l’interac- tvité et de du multi-écrans. Le projet Le rêve de Cachalot inscrit chez moi le désir d’explorer les formes triptyques et la non linéarité du récit. Ces recherches m’amènent à la construction d’un icosystème qui est la base sur laquelle je vais développer un ensemble de projets d’installations vidéo génératives. Le premier icosystème est le fruit de plusieurs années de collecte de plans séquences de mini paysages qui consti- tue une collection, un herbier numérique présenté sous forme triptyque. (ICOS, Gamerz, Seconde Nature Aix ) Ce système génératif sert de base au projet Port Saint Louis, l’île bricolée, qui pense un documentaire différent. Profondément inspiré par la lecture attentive de l’œuvre de Jean Giono, je commence, en 2021, la série docu- mentaire Zone Sud, exploration intuitive, aléatoire et amoureuse de la Provence. A l’opposé des clichés et des folklores, les films forment un paysage mosaïque complexe et étrange, dessiné par des histoires et des géographies, bousculé par les changements climatiques et économiques. Parallèlement je mène le projet «après la Durance», fiction documentaire polymorphe et hybride qui interroge nos comportements destructeurs et prédateurs.