Communiqué SRF – UPC : « Toutes pour une » ou « Tous contre elles » ?

La Société des réalisatrices et réalisateurs de films (SRF) et l’Union des producteurs de cinéma (UPC) ont publié un communiqué dénonçant les attaques coordonnées dont est victime le film Toutes pour une de Houda Benyamina :

« Une fois de plus, un film français est attaqué par la fachosphère.

Après Rodéo de Lola Quivoron, Les Engagés de Emilie Frêche, Les Rascals de Jimmy Laporal Trésor, Ma France à moi de Benoit Cohen, Monsieur le Maire de Karine Blanc et Michel Tavares, Avant que les flammes ne s’éteignent de Mehdi Fikri, Le Marchand de sable de Steve Achiepo, Quelques jours pas plus de Julie Navarro, L’Histoire de Souleymane de Boris Lojkine, Le Repli de Joseph Paris (liste non exhaustive !), c’est au tour du film de Houda Benyamina, Toutes pour une, d’être la cible d’une nouvelle offensive.

Initiée dès la mise en ligne de sa bande annonce, cette campagne s’est amplifiée lors de sa sortie le 22 janvier dernier, et s’est étendue à toutes les plateformes et sur tous les sites où il était fait mention du film : Facebook, Senscritique, Youtube, Allociné…
En parallèle, des émissions de télévision et de radio – C8, RMC – ont ciblé le film au cours de pseudo débats qui en dénonçaient le projet sans nuance ni contradicteurs. Il en a résulté une croisade coordonnée où les supports se nourrissent les uns les autres et où les insultes racistes, grossophobes et sexistes le disputent aux attaques ad hominem : toujours et encore la même haine aveugle, anonyme et décomplexée.
Ceci car le film commettrait à leurs yeux le sacrilège de proposer une incarnation par des femmes issues de la diversité des Trois Mousquetaires d’Alexandre Dumas.

Les raids numériques ont été d’une telle violence que la plateforme de référence Allociné, principale source prescriptrice en France, a suspendu la note spectateurs. Du jamais vu.

Une fois de plus, nous exhortons Allociné à faire évoluer ses règles de modération pour ne pas laisser des œuvres et leurs auteurs démunis face à de tels raids – à l’évidence les garde-fous actuels sont insuffisants et la simple suspension des notes est un pis-aller. Il devient nécessaire de trouver les solutions techniques pour la mise en place d’un système de certification des commentaires et de la notation spectateur qui soit susceptible de vérifier que les personnes postant un commentaire sur un film l’ont effectivement vu – ou, a minima, informant les visiteurs si c’est le cas ou non.

Une fois de plus, nous demandons aux pouvoirs publics de prendre leurs responsabilités pour que cessent ces opérations de dénigrement, lesquelles de par leur ampleur et les méthodes employées sortent du cadre de la liberté d’opinion et de l’exercice de la critique (même virulente) auquel nous sommes attachés.
Ces attaques visent en réalité à instaurer une censure de fait, et nous ne pouvons que constater qu’elles y réussissent en partie.

Ne nous y trompons pas : les extrêmes droites sont les ennemies revendiquées de la diversité culturelle. Elles dévoient la liberté d’expression au service de leur discours de haine et d’exclusion. Au travers de l’entrave ainsi faite aux libertés de création, de programmation et de diffusion des œuvres, c’est la démocratie elle-même qui est visée.

Une fois de plus, ces libertés doivent être réaffirmées et renforcées. »