Comme chaque année, professionnels et spectateurs attendent avec impatience de découvrir à Clermont-Ferrand des dizaines de courts métrages qui sont autant d’aperçus de ce que sera, demain, le cinéma. Depuis plus de 45 ans, le festival et son marché sont en effet un rendez-vous local et international incontournable, un haut lieu d’émergence de talents et de régénération des formes, et un maillon essentiel dans un écosystème culturel et économique de premier plan.
Pourtant, avant l’été, l’association Sauve qui peut le court métrage, qui organise l’événement et des actions culturelles tout au long de l’année, apprenait que le conseil régional d’Auvergne Rhône-Alpes réduirait de moitié sa subvention, et ce alors que les dépenses de l’édition 2023 avaient déjà été engagées.
Ce coup brutal porté à l’équilibre financier de l’association a des conséquences.
Là où l’on ne devrait que se réjouir de l’ouverture prochaine du festival, nous sommes attristés et inquiets d’apprendre aujourd’hui la suppression de deux programmes de courts dans chacune des sélections nationale et internationale. C’est, au total une vingtaine de films et de cinéastes qui seront privés de l’opportunité de rencontrer là leur public et les acteurs de la filière (programmateurs, producteurs, diffuseurs), alors même que la jeune création est de plus en plus précaire.
Laurent Wauquiez prétend faire de Clermont-Ferrand une capitale européenne de la culture ; la décision de son conseil régional contribue pourtant à asphyxier une manifestation emblématique du territoire et tend à y appauvrir l’offre culturelle.
L’exemple de Clermont doit nous alarmer et susciter un sursaut. Les festivals, déjà fortement fragilisés par l’inflation des coûts et la crise sanitaire, ont plus que jamais besoin de l’appui de leurs partenaires publics. Le désengagement d’une collectivité peut mettre en péril l’existence même d’un festival – et avec elle l’émergence de jeunes réalisatrices et réalisateurs, leur insertion professionnelle, la diversité culturelle et l’accès de tous au cinéma.
C’est pourquoi les cinéastes de la SRF renouvellent leur entière solidarité aux équipes de Sauve qui peut le court métrage et appellent de leurs vœux une politique ambitieuse de soutien aux festivals, indispensables à l’expression et à l’émergence d’une nouvelle génération de talents.