Au lendemain de l’adoption par le Sénat de la proposition de loi de Laurent Lafon, et de la parution du rapport de la mission d’information de Jean-Jacques Gaultier et Quentin Bataillon, l’enjeu de notre souveraineté audiovisuelle est au cœur des débats, tant au Sénat qu’à l’Assemblée nationale. Ce sujet nous paraît d’autant plus crucial dans un contexte politique mondial marqué par le protectionnisme affiché des États-Unis, la crise des démocraties, la montée des extrêmes et la désinformation. Notre souveraineté passe par un audiovisuel public fort et indépendant, avec des ressources financières pérennes et dynamiques. À ce titre, nous, organisations professionnelles du cinéma réunies en BLIC, BLOC et ARP, nous félicitons que les parlementaires aient réaffirmé leur opposition à tout projet de budgétisation. Nous soutenons pleinement l’adoption urgente de la proposition de loi organique pérennisant le financement de l’audiovisuel public par une fraction de la TVA. Nous saluons également l’idée d’un allongement de la durée des conventions pluriannuelles des différentes entités, signe d’une volonté de donner de la visibilité au service public. Néanmoins, d’autres mesures proposées, visant le même objectif de souveraineté, nous paraissent plus contestables. La compensation de la suppression des annonces commerciales sur le service public par une taxe qui a vocation à disparaître fragiliserait l’audiovisuel public. La modification de la définition de la production audiovisuelle indépendante, ainsi que l’autorisation d’une troisième coupure publicitaire lors de la diffusion des œuvres, affaibliraient la création et son indépendance. Enfin, nous craignons que la réunion en holding de l’audiovisuel public amoindrisse les ressources allouées aux missions de service public, l’indépendance et la diversité éditoriale de chacune de ses entités. Sur ces propositions également contestées par la ministre de la Culture, nous appelons à la plus grande vigilance. Les objectifs d’indépendance, de souveraineté et de diversité culturelles doivent rester au cœur des débats parlementaires. Les chemins pris pour les atteindre ne doivent pas au contraire les fragiliser. |