La première de la pièce sonore radiophonique autoproduite de Rocío Calvo Corchero, Las Gritas, sera diffusée simultanément par
- Radio Ucamara 98.7FM (Pérou) 20h30 (19 décembre)
- Radio Kolor 106.2 FM (Espagne) 2h30 (20 décembre)
- P-Node sur DAB+ à Mulhouse et Paris (France) 2h30h (20 décembre)
Las Gritas est une pièce sonore radiophonique qui reprend comme leitmotiv la définition qu’en donnait Coriun Aharonián, à savoir une sorte de « tache » sonore expressive composée de chants, de cris, de souffles et d’instruments. Un ensemble de sons qui rivalisait, à l’époque du conflit, avec les harmonies musicales des tambours, trompettes, chiens et arquebuses des marches martiales des Ibères. Les Gritas étaient des pratiques sonores communautaires de résistance générées par les peuples dits indigènes face à l’avancée colonisatrice. Leur réception était incompatible avec l’audibilité des péninsules et leur but était de produire une vibration de défense.
Ces expériences coloniales, ainsi que les dimensions politiques, économiques et sociales des pratiques passées et présentes d’invasion, de conquête et de pillage, détermineront historiquement ce qui est audible et ce qui est inaudible. Aujourd’hui, le son et la sonorité continuent d’être déterminés par des valeurs anthropocentriques de domination et de contrôle, fondées sur des relations de pouvoir et des caractéristiques coloniales de race, de classe et de genre. Mayra Estévez Trujillo décrit ces phénomènes et la manière dont le son est utilisé à cette fin comme un régime colonial ou un modèle de sonorité.
La radio joue un rôle clé dans l’histoire coloniale et mon travail reformule cette pratique sonore générée par des gens habitués à la guerre, dans des sociétés qui vivaient autour des notions masculines-patriarcales de possession et de destruction pour en faire une histoire féminine comme un refuge anti-temporel.
Las Gritas se révèle donc comme une invention poétique. Une réponse sonore, lyrique, légère et sans poids, transparente, fragile, comme peut l’être l’espoir aujourd’hui quand, sans aucun doute, il n’y a pas de raison apparente de l’avoir.